mercredi 2 août 2006

Un train pour Aralsk



La queue devant le bureau des renseignements de la gare d’Almaty est anarchique. Les gens se bousculent, ils vous crient dans les oreilles. Voici la brusquerie kazakhe.

Les nouvelles ne sont pas bonnes : pas de billet disponible pour Aralsk avant 12 jours.

La premiere personne a me donner un coup de main s’appelle Murrat. Il me demontre qu’il suffit de gratter pour retrouver un peu de gentillesse kirghize a Almaty. J’ai tout d’abord une discussion ferme avec lui devant le guichet pour determiner lequel de nous deux a la priorite dans la queue. Il ne parle pas anglais et requisitionne Y., une jolie etudiante en relations internationales, pour la traduction simultanee. Elle restera avec nous une heure entiere . Mes interlocuteurs m’expliquent le fonctionnement des queues dans ce pays: lorsque quelqu’un arrive il demande quel etait le dernier arrive dans la queue et se place en consequence ; l’ordre apparent des personnes est secondaire.

Murrat, qui possede une entreprise de construction florissante, se rend a Astana et n’a pas trouve de billet non plus. Il ne s’en fait pas car, me dit-il, on peut toujours s’arranger avec le PROVODNIC - le steward du wagon - a condition d’avoir un peu d’argent. Il m’offre une limonade et nous nous quittons bons amis.

De mon cote j’essaie de m’arranger avec le marche secondaire des billets dans le hall de la gare. On me propose un billet pour le lendemain. La transaction dure trois heures, je paierai le triple du tarif.

Le train 379 part a 21:05 pour Uralsk, une ville situee 1′000 km au nord d’Aralsk, tout pres de la frontiere russe. Des montagnes de bagages sont entassees sur le quai et, lorsque la locomotive entre en gare, c’est la course. Les grand-meres n’ont pas la force de marcher 200 metres pour emprunter la passerelle. Elles s’enfilent avec leurs valises sous les wagons pour traverser la voie.

Je suis en troisieme classe qu’on appelle ici PASSKART. C’est un wagon couchettes sans portes coulissantes ni compartiments. Au petit matin je me retrouve sans provision. Les passageres organisent une collecte pour mon petit-dejeuner : deux tomates, deux concombres et une pomme-de-terre.

Avec les lueurs du jour arrivent les vendeuses ambulantes. Le train se transforme en bazar, on trouve des habits, des mandolines, des journaux, de la limonade et des plats cuisines. Dans le couloir les passagers defilent avec des theieres pour puiser l’eau bouillante du Samovar. Durant les arrets dans les villes importantes un petit groupe se retrouve sur le quai pour fumer des cigarettes.

Le paysage est tout d’abord celui d’une plaine bosselee. Puis c’est la steppe, verte, infiniment plate. Bientot c’est le sable qui s’impose et il ne reste que des touffes d’herbe.

Des vendeuses proposent du poissons fume, nous sommes proches de la mer d’Aral. Le train entre a ARAL MORE a 7:33, exactement selon l’horaire. Une precision suisse. Le voyage a dure pres de 35 heures.

Lorsque je m’ennuyais un professeure nomme Lunara ma faisait la conversation. J’ai bien aime ce train pour Aralsk.

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