vendredi 4 août 2006

Vaisseaux fantomes


Akmaral, en manager pimpante, me conseille d’aller visiter le musee de la ville pour avoir un tableau complet de l’assechement de la mer d’Aral. Son ONG ” Aral Tenizi ” organisera demain un voyage en jeep pour aller voir les epaves rouillees qui gisent dans le port de Dzhambul, a 30 kilometres de la cote. Je saurai pourquoi, me dit-elle, le niveau de l’eau remonte et l’industrie de la peche redemarre a Aralsk.

Malheureusement je suis embarque par la police a l’entree du musee. Je me serre aux cotes de deux russes a l’arriere de la Lada. Le policier a l’air content de sa tournee : il a maintenant tous les etrangers de la ville a disposition dans son bureau. Il ne perd pas de temps et me gratifie de suite d’une amende pour un defaut d’enregistrement aupres des services d’immigration. J’ai la sensation que mes papiers sont en regle et j’essaie de m’expliquer avec mon vocabulaires de 30 mots de russe. 15 minutes plus tard le gendarme me relaxe au motif que j’ai fete mon anniversaire il y a quelques jours. Il me serre la main sans oublier de me demander combien d’argent j’ai sur moi.

Je croiserai dans l’apres-midi les deux russes qui etaient pieges dans la Lada. Ils s’appellent Alexandr et Inna, deux biologistes de Volvograd en expedition dans le Kazakhstan. Ou ils ne sont pas epargnes par la police.

Je retourne ensuite au musee qui, contrairement a ce que pretend la plaquette a l’entree, est ferme cet apres-midi. J’essaierai de dresser un tableau de la situation moi-meme.

6 epaves rouillees gisent dans la steppe a Dzhambul : tous ceux qui aiment les histoires de vaisseaux fantomes les trouveront magnifiques. Des troupeaux de chameaux et de chevaux, ainsi que quelques vaches, passent dans les environs. Le niveau de l’eau arrivait donc jusqu’ici en 1960 lorsque les planificateurs sovietiques deciderent de detourner l’eau du Syr-Darya et de l’Amu-Darya au profit de la culture du coton. La mer d’Aral s’est progressivement videe pour se diviser en deux.

La partie plus au nord ou je me trouve s’appelle la petite mer d’Aral. Paradoxalement c’est celle qui a les meilleures perspectives pour le futur. Un barrage a ete construit au sud et le niveau de l’eau remonte gentiment. Corrolaire : la grande mer d’Aral, partagee avec l’Ouzbekistan, est condamnee a s’assecher.

Une espece de poisson originaire du Danemark a reussi a s’acclimater et remplit maintenant les filets des pecheurs. On tient le coup comme ca a Dzhambul. Un villageois m’offre un bol de lait de chameau, vestige de l’hospitalite kazakhe qui a survecu a deux generations de communisme.




Aucun commentaire: