jeudi 17 août 2006

La vallée désertée


Le camp de base établi à 3′600 mètres d’altitude est confortable et nous nous octroyons une journée d’ acclimatation.

J’en profite pour coincer mes habits trop sales sous les pierres de la rivière. L’eau claire se charge de les rincer au matin. En face de nous, de l’autre côté de cette rivière sans pont, se tient une  maisonnette en pierre. Elle semble inhabitée depuis des années et est tombée en ruines. En amont du camp traînent des bouteilles vides abandonnées par la dernière expédition qui s’est aventurée ici il y a trois ans de cela.

Il n’y a plus d’arbres, c’est bien trop haut. La vallée est recouverte d’une herbe tenace, verte, qui pourrait nourrir des troupeaux de yaks et de moutons. Mais le prochain village est trop éloigné, à plus de 80 kilomètres, et les hommes ont renoncé. Cette vallée a été désertée.

Nous nous lançons dans une première ballade dans les collines, puis le jour suivant gravissons un premier sommet à 4′300 mètres. De là-haut nous sommes ceinturés par les Tian Shan, montagnes célestes toutes de roches et de glaces du sud au nord et de l’est à l’ouest.

Les pierres roulent sous nos pieds et la terre est molle, qui garde volontiers la marque de tous ceux qui sont passés par là. On lit les empreintes des moutons de Marco Polo, ces ovidés sauvages qui pèsent jusqu’à 150 kilos et dont les cornes immenses s’enroulent en tire-bouchon. Parfois leurs empreintes s’entremêlent et font penser à des traces de pied qui auraient été laissées là par un gigantesque bipède …

Une partie de l’équipe s’est employée à désembourber le minibus. Nous sommes encore éloignés des  glaciers et nos guides russes songent déjà à lever le camp. Ils chantent le soir dans la tente à la lumière des lampes à gaz. Leurs voix sont basses et leur chansons souvent mélancoliques, particulièrement celle qui raconte l’histoire d’un corbeau noir porteur d’une mauvaise nouvelle.

Un leader émerge dans l’équipe, il s’agit de Misha qui vient de St. Petersburg bien qu’il ressemble plutôt à un ours de Sibérie. Les apparences sont trompeuses : c’est en fait un type intelligent, éduqué et cultivé, qui a quitté un travail bien rémunéré pour vivre ses deux passions qui sognt de gravir les sommets et de boire du thé en montagne. Il a consacré le meilleur de ses weekends à observer faune sauvage dans les environs de St. Petersburg et son coup d’oeil nous vaudra une belle découverte sur le sommet d’un glacier.

En attendant cet heureux événement nous nous déplaçons à pied sur 15 kilomètres avec deux tentes de poche et un peu nourriture pour établir un camp avancé sous les glaciers du massif d’Akshirak.






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