mardi 15 août 2006

Théorie du Yéti pour les Tian Shan



Le Yéti n’existe probablement pas. Aucune preuve tangible de sa présence sur terre n’a été répertoriée à ce jour : ni ossement ni fourrure et encore moins un spécimen vivant. Son champ d’étude a été relégué au domaine de la cryptozoologie, une science biologique spéculative qui intéresse principalement les rêveurs. Qui doivent se contenter d’observations du Yéti en haute altitude par des montagnards et de traces de pas sur les neiges éternelles.

Sa présence a été signalée dans les chaînes de l’Hymalaya, des Pamirs, des Tian Shan et de l’Altaï, toutes situées au coeur continent asiatique. Le témoin le plus célèbre est Reinhold Messner, l’alpiniste d’origine italienne qui fut le premier à gravir les 14 sommets de plus de 8′000 mètres de la planète. Il a raconté sa rencontre avec le monstre dans une vallée du Népal et sa quête pour le retrouver durant les années qui suivirent. Messner est arrivé à la conclusion que le Yéti est un ours, d’une espèce rare propre à l’Hymalaya, qui laisse ces traces si particulières lorsqu’il se dresse sur les deux pattes de derrière. Je recommande son bouquin « YETI - DU MYTHE A LA REALITE», même si, à mon avis, il n’est pas du niveau de «TINTIN AU TIBET» :)

La thèse de Messner est controversée et nombre de mes amis cryptozoologues voient dans le Yéti un primate. Certaines empreintes relevées ne présentent en effet pas de griffe et elles s’étendent sur une distance trop étendue pour être le fait d’un ursidé marchant sur deux pattes. Des témoignages visuels en outre l’assimilent clairement à une espèce de singe. Ce pourrait être alors un descendant du gigantopithèque, un primate qui vivait en Chine et en Inde et qui a disparu il y a près de 12′000 ans. Il pouvait mesurer jusqu’à 3 mètres.

Mais le Yéti n’est pas forcément un géant. J’ai recueilli lors de mes voyages un seul témoignage d’une rencontre directe : il s’agissait d’un porteur qui avait aperçu un hominidé pas plus haut qu’un mètre 20 près d’un cours d’eau dans les montagnes du Sikhim au nord de l’Inde. On serait alors en présence d’un cousin de l’orang-outan au poil roux de Sumatra et Bornéo.

Chaque fois que je parle du Yéti au coin du feu avec les habitants de l’Hymalaya, des Pamirs et des Tian Shan, on me répond avec réticence et avec crainte. Le Yéti est souvent assimilé à une créature magique entourée de superstitions.

On ne peut cependant pas classer les scientifiques soviétiques qui exploraient les Tian Shan parmi les crédules.

La chaîne des Tian Shan – les Montagnes Célestes – délimite la frontière entre la Chine et le Kirghizstan sur près de de 2′000 kilomètres. Son plus haut sommet, le pic POBEDY, culmine à 7′439 mètres. La région a été explorée pour la première fois en 1857, puis elle est restée interdite d’accès pendant la plus grande partie du 20ème siècle. Seules des expéditions soviétiques ont pu en étudier le relief accidenté pour des relevés climatiques ou pour rechercher des mines d’or ou d’uranium. Elles ont raconté avoir relevé à cette occasion des traces dans la neige et avoir aperçu les silhouettes d’hommes velus. Le mystère du yéti des Tian Shan était né.

Aujourd’hui que l’union soviétique s’est écroulée la région est pratiquement inhabitée. Il n’existe dans la région de Akshirak, au sud du Kirghizstan, qu’un village de 80 habitants et deux routes. Et encore le pont pour traverser la rivière s’est-il écroulé. Les vallées qui mènent aux glaciers sont marécageuses. Les premières habitations en Chine sont distantes de plus de cent kilomètres et les vallées si infranchissables que les trafiquants préfèrent emprunter les routes officielles et s’arranger avec les officiels.

C’est un endroit sauvage, un des derniers de la planète où l’on est entouré de sommets à 5′000 mètres d’altitude encore vierges. Une aubaine à l’heure de Google Earth.

Le Yéti n’existe probablement pas. Mais s’il existait quand même, ce serait dans un endroit comme les Tian Shan où aurait pu, pourquoi pas, survivre une population de quelques dizaines d’individus à l’abri du regard des hommes.

Voilà pourquoi je me dirige vers les Montagnes Célestes. Je n’irai pas seul.

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